Les TCA : Troubles des Conduites Alimentaires

Troubles des conduites alimentaires (TCA)

Les TCA, Troubles des Conduites Alimentaires ou Troubles du Comportement Alimentaire, font partie des maladies psychiques apparaissant le plus souvent vers l’adolescence, principalement chez les filles, entre 14 et 18 ans. Des hommes et des femmes de tout âge (enfance comme âge adulte) ne sont toutefois pas exclus. Ces troubles sont bien évidemment à distinguer des fringales de 16h ou des régimes annuels pour entrer dans son maillot de bain avant la période estivale. Il s’agit bien ici de maladies qui s’inscrivent dans le temps et qui nécessitent une prise en charge pluridisciplinaire (médecin généraliste, nutritionniste, psychologue…) car les conséquences peuvent être extrêmement graves voire létales.
Anorexie mentale, boulimie ou encore hyperphagie boulimique, nous allons voir en quoi consistent les différents TCA, quelles sont leurs caractéristiques et quelles sont les solutions pour s’en sortir.

Les TCA les plus courantes

L’anorexie mentale

Probablement le plus dangereux des troubles du comportement alimentaire et celle qui représente la majeure partie (environ 70% environ des TCA), l’anorexie mentale consiste en la diminution drastique voire la privation de nourriture de manière intentionnelle. Les jeunes femmes sont les plus touchées par cette maladie. Elles n’ont d’ailleurs pas conscience de l’image souvent rachétique que leur renvoit leur miroir et se voient beaucoup plus ventripotantes qu’elles ne le sont en réalité. Ce comportement renvoit généralement à de la dysmorphophobie, à savoir l’obsession pour un « défaut » minuscule voire imaginaire autour duquel la personne tournera en boucle et développera des attitudes néfastes impactant son environnement comme sa santé. La peur de grossir est omniprésente. D’ailleurs, l’anorexie peut être vue comme une addiction : celle à son image, à son miroir.
La volonté de maintenir un poids en deça des normes s’accompagne souvent de comportements dits complémentaires à la perte de poids, à savoir par exemple le sport à outrance, la chirurgie esthétique, la prise de laxatif, de diurétiques, de coupe-faims ou le fait d’aller se faire vomir. Certains aliments sont d’ailleurs bannis de l’alimentation, comme tout ce qui contient du sucre, du sel, des graisses, même si ces dernières peuvent être indispensables à une alimentation équilibrée. Une personne anorexique pourra, par exemple, se nourrir exclusivement de fruits et de légumes, estimant que les féculents sont trop nutritifs.
Comme dit plus haut, les conséquences de l’anorexie mentale peuvent être graves, en plus du retrait social (se prive de manger avec les autres, pensées envahissantes autour du physique et/ou de la nourriture, attitude désagréable…). Le déficit en éléments nutritifs essentiels, du fait d’une alimentation faiblement équilibrée, aura des répercussions évidentes sur la santé (fatigue extrême, perte de tonus musculaire, chute des cheveux, aménorrhée (arrêt des menstruations), mort (via la dénutrition ou la dépression)).

L'anorexie mentale

La boulimie

Il s’agit du trouble de comportement alimentaire le plus difficilement repérable. En effet, sans prise ni perte de poids significative, la boulimie consiste en l’ingestion d’un nombre important d’aliments, souvent de mauvaise qualité (sucrés, gras, salés) sur une courte durée et sans aucune sensation de plaisir : c’est ce qu’on appelle le craving. Cela s’apparente à un comportement compulsif non contrôlable. Suite à l’ingestion, la personne malade procède soit au vomissement, à la prise de laxatif, au jeûne ou au sport intensif comme compensation.
Ce comportement a des survenues aléatoires (entre une à plusieurs fois par semaine). Il est pulsionnel, en l’absence de personne (en cachette) et entre les repas, car le sentiment de honte et de dégout est présent.

L’hyperphagie boulimique

L’hyperphagie boulimique consiste en la prise importante voire démeusurée de nourriture sur une courte durée et jusqu’au remplissage maximum de l’estomac, à savoir jusqu’à la sensation de distension du ventre et des douleurs associées : on parle alors de craving extrême. Ce comportement, contrairement à la boulimie, ne présente pas de conduites de compensation associées, mais se réalise également en cachette des autres membres de son entourage (famille, amis, collègues) car le sentiment de honte y est également associé. Ce comportement a lieu sans sensation de faim et sans contrôle sur l’alimentation.
La prise de poids est importante et rapide. Cette maladie concerne aussi bien les filles que les garçons, les femmes que les hommes.

Addiction à l'alimentation

Quelles sont les raisons amenant à un TCA ?

La raisons biologiques

Le facteur génétique a lui seul ne suffit pas pour expliquer l’apparition d’un trouble du comportement alimentaire mais il fait parti des raisons qui l’expliquent. En effet, le fait qu’un des deux parents, principalement la mère, ait fait durant sa jeunesse ou fait toujours un TCA augmente les probabilités pour qu’au moins un des enfants de la fratrie en fasse un. D’autre part, l’apparition d’un trouble de la conduite alimentaire est plus fréquente lorsqu’il y a déjà d’autres types de maladie dans la famille, comme des Troubles Obsessionnel Compulsifs (TOC) ou des addictions.
Enfin, les adolescent(e)s ou jeunes adultes souffrant d’un TCA ont, de manière générale, toujours eu un passif compliqué avec la nourriture, avec des prises et/ou des pertes de poids significatives.

Les raisons psychologiques

Chaque personne est différente mais il existe cependant des caractéristiques plutôt communes à ces maladies. Une faible estime de soi, une sensibilité accue face au regard de l’autre, une volonté de contrôle excessive, un certain perfectionnisme, une confrontation régulière au stress, une anxiété permanente… Tous sont des facteurs de prédisposition à la maladie. Evidemment, ils ne suffisent pas, à eux seuls, à expliquer la survenue d’un TCA mais sont très souvent à l’origine de celui-ci.
Les TCA peuvent être la conséquence d’une rupture qui a pu mettre en défaut la confiance en soi, d’un harcèlement qui peut accroitre le désir de contrôle, d’un deuil qui intensifierait le besoin de refuge… Des rapports de crainte, de domination ou de contrôle face à l’alimentation, obsédant et/ou empêchant de manger à l’extérieur avec des proches sont des facteurs communs.

Troubles du comportement alimentaire

Les raisons environnementales

Les troubles du comportement alimentaire peuvent également puiser leur source dans l’environnement familial ou scolaire de l’enfant ou de l’adolescent. Une trop grande permissivité ou au contraire des restrictions trop importantes face à l’alimentation peuvent développer des conduites excessives. Une attitude ou des commentaires « grossophobes » de la famille vis-à-vis de l’entourage entrainera un mode de pensée en corrélation avec les siens. Il ne faudrait en aucun cas appartenir à la catégorie de ceux qui ont été critiqué durant toutes ces années, l’exogroupe.
Cependant, les troubles se faisant en cachette de tout entourage et par conséquent des membres de la famille, il est difficile pour eux de voir que quelque chose ne va pas. Une fois que la lumière est mise sur le trouble, les parents ainsi que la fratrie doivent constituer des acteurs privilégiés dans le retour à des conduites alimentaires saines, des alliés dans la prise en charge de la maladie.

Des critiques, des moqueries de camarades de classe face au poids, trop maigre ou trop gros, ne feront qu’accélerer un processus de TCA chez une personne déjà fragile. Face au harcèlement, ces personnes développeront donc des comportements de compensation et d’addiction.
Enfin, les dictats des réseaux sociaux d’une silhouette dite « parfaite » n’arrange pas, en effet, la vision que de nombreuses jeunes filles peuvent avoir d’elles-même.

Quelles sont les prises en charge ?

Il est important de préciser en amont des prises en charge que la personne souffrant d’un trouble du comportement alimentaire doit être, si ce n’est à l’initiative, du moins favorable à l’amélioration de ses troubles et à la guérison. Sans sa prise de conscience du problème et sa volonté de s’en sortir, ses chances de rémissions sont moindres.

Le médecin généraliste

Souvent le premier interlocuteur, le médecin de famille ou le pédiatre est la personne vers qui vont se tourner les parents voire les adolescents directement. Personne de confiance, c’est lui qui pourra faire le diagnostic d’un Trouble des Conduites Alimentaires. Il demandera entre autres une prise de sang pour établir les différentes carrences (fer, vitamines… notamment dans le cas des anorexies mentales) afin de prescrire des compléments nutritionnels.
Le médecin fera le lien entre la famille et d’autres spécialistes indispensables à la guérison, comme un nutritionniste ou un psychologue.

Le nutritionniste

Ce professionnel va travailler autour du rééquilibrage alimentaire tout en réintégrant la notion de plaisir face à la nourriture. Pour ce faire, il faut partir du principe que la nutritionniste ne va rien pouvoir imposer à la personne souffrant d’un TCA. La discussion va devoir s’articuler autour de l’acceptation de l’introduction d’aliments sains et/ou dans des quantités raisonnables tout en allant au rythme de la personne souffrante, dans le respect de l’évolution de la maladie. Une sorte de « pacte » pourra alors se mettre en place, consensus des attentes de l’un et des dispositions psychiques de l’autre.

Le psychologue

Lors des consultations, le psychologue va chercher à comprendre les causes de la maladie, le mécanisme sous-jacent de celle-ci et ce que cela induit chez le patient. Ce sera l’occasion pour ce dernier de mettre des mots sur quelque chose qu’il n’avait probablement pas conscientisé jusqu’alors, ainsi que d’avoir une bulle de décompression dans laquelle il pourra s’exprimer librement, sans honte, sans gène.
Les séances avec un psychologue sensibilisé aux TCA sont recommandées, peu importe son courant (psychanalytique, TCC…). Le patient pourra également aller de temps à autre en hôpital de jour en fonction de l’avancée de la maladie et de l’environnement familial afin d’avoir un suivi encore plus adapté.

Enfin…

Les Troubles du Comportement Alimentaire, ou TCA, ne sont pas des lubbies, un état d’esprit transitoire, ponctuel ou temporaire. Ces maladies peuvent apparaître suite à un régime, plutôt drastique, qui a pris de l’ampleur, dans lequel la personne malade, souvent une femme, se sent bien car elle réussit à maitriser quelque chose : son corps, son alimentation, son mode de vie. Il est l’expression d’un mal-être, d’un manque de confiance en soi, d’un traumatisme. C’est un cercle vicieux dans lequel on s’enferme et où personne d’autre n’a sa place. Les TCA doivent être pris au sérieux et nécessitent, le plus tôt possible, une prise en charge adaptée.


© Auteur de l'article : Pauline GEORGE, psychologue à distance